Le Figaro

Extrait de l'Article paru le 07 décembre 2020

 

Socio-esthéticienne, un métier qui ne s’improvise pas

Cette pratique, qui s’est développée à partir des années 1960, vise à améliorer la qualité de vie des personnes fragiles.

Par Laurence Coiffard

Laurence Coiffard est enseignante-chercheuse à la Faculté de pharmacie de Nantes. Membre du Conseil scientifique permanent médicaments de dermatologie de l’ANSM. Membre correspondant national de l’Académie nationale de pharmacie

La socio-esthétique est une pratique particulière de l’esthétique à destination de personnes fragilisées par la maladie, le handicap, le grand âge, la désocialisation ou l’incarcération. Elle est née à la suite de la Première Guerre mondiale, avec la nécessité de prendre en charge tous ces hommes rescapés du carnage mais gravement marqués dans leur chair. La socio-esthétique s’est surtout développée à partir des années 1960 grâce à deux esthéticiennes, Jenny Lascar et Renée Roussiere, qui ont décidé d’œuvrer bénévolement dans des services hospitaliers de psychiatrie, de gériatrie et d’oncologie.

 

Version Femina du 02 au 08 novembre 2020 : Extrait d'un article page de 32-34

La socio-esthétique, une bulle de douceur

Le maquillage et le soin ne se résument pas qu’à une affaire de paraître. Dans certains cas, se sentir belle permet aussi de se reconnecter à une estime de soi abîmée par la vie ou par la maladie...

Par Pauline Castellani

" Socio-esthéticienne : le terme peut paraître un peu froid, et pourtant, c’est un vrai moment de bien-être que proposent ces esthéticiennes pas comme les autres. Car, ici plus qu’ailleurs, tout est mis en œuvre pour offrir apaisement et lâcher-prise. « Les socio-esthéticiennes prodiguent des soins de détente et de beauté aux personnes fragilisées, quelles soient précaires, victimes de violences, souffrant de maladies ou de handicap, explique Maud Leclercq, présidente de la Fédération nationale de socio-esthétique (FNSE). Ceux-ci sont dispensés gratuitement dans des structures associatives ou hospitalières, dans les maisons de retraite et dans le milieu carcéral. » Si elles proposent des soins pour le visage, des modelages du corps, des manucures ou des séances de réflexologie plantaire, les socio-esthéticiennes ont aussi un vrai rôle psychologique. Ici, on ne parle pas de clients, mais de patients ou de bénéficiaires. « Quand la précarité isole et fragilise, des soins de beauté peuvent aider à changer de regard sur soi, à regagner confiance en soi et à retrouver sa place dans la société », insiste Sylviane Balustre-d’Erneville, directrice des programmes Beauté inclusive de la Fondation L’Oréal, à l’initiative de nombreux partenariats avec des associations. Les chiffres parlent d’eux-mêmes puisque, dans le cadre de traitements oncologiques, neuf bénéficiaires sur dix* affirment que ces soins ont joué un rôle important pour les aider à se sentir mieux et à reprendre confiance en eux. Les trois quarts déclarent même qu’ils les ont aidés à affronter le regard des autres et à se sentir moins anxieux.

De quoi bousculer l’univers de la beauté, souvent jugé trop superficiel."

* D’après une enquête menée par l’institut Odoxa en 2018 auprès de 305 personnes touchées par un cancer.

 

 

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